RODRIGUES - MAURICE
OU COMMENT FINIR DINGO
Après deux jours et demi de nave, nous arrivons en milieu
de nuit au Nord des côtes mauriciennes. Nous passons entre le banc
Abbé et l'île ronde puis laissons l'îlot Gabriel au Nord, le coin de
Mire au Sud et longeons la côte Ouest direction Port-Louis.
Au lever du jour, nous sommes tout près de la Capitale
mauricienne. Appel VHF à Port-Louis Radio, autorisation d'entrer dans
le Port, direction le quai des douanes pour effectuer les formalités
d'entrée.
Comme d'habitude, il n'y a guère de place et l'endroit où il nous est
demandé d'accoster (entre deux bateaux à couple de cost-guards et un
autre grand voilier de plaisance) n'est pas pour nous faciliter la
manoeuvre en tant que dériveur intégral sans propulseur d'étrave.
Comme nous nous y attendions, nous nous faisons déhaler par le vent et
glissons lentement vers la poupe des bateaux des cost-guards équipés
de gros moteurs. Nous nous mangeons le quai et notre ancre sert
d'amortisseur, elle n'a pas trop aimé l'expérience et se retrouve dans
un sale état.
Nous pensions que les bateaux de l'ARC avaient déjà quitté
Maurice mais ils sont encore là pour quelques jours. Les locaux se
sont faits délogés du Caudan et les bateaux de l'ARC occupent tout le
bassin. Les employés du Waterfront, histoire de nous faciliter les
choses, nous tiennent un double discours, l'un nous disant qu'il nous
est possible de mouiller dans le bassin situé à l'arrière et l'autre
que cela n'est pas autorisé (après vérification, nous pouvons vous
dire qu'il existe des panneaux à proximité du bassin arrière laissant
clairement entendre que le mouillage est interdit, mais bon...).
Notre escale étant de très courte durée, la Matelote tente de négocier
avec les cost-guards le maintien du bateau au quai des douanes. La
chose est inenvisageable, une présence de trois heures est tolérée à
ce quai (nous nous rendrons compte que ce délai peut s'avérer
extensible mais ne maîtrisons pas les raisons qui peuvent le motiver).
Pour clore la discussion, ils nous proposent d'aller à Grand Baie,
super!!!... Ils sont bien gentils mais nous n'avons pas le temps et
notre ancre est un peu "out".
L'après-midi, nous tenterons de prendre la place d'un
bateau (hors ARC) à l'extérieur du Caudan, parti en fin de matinée.
Mais là encore, le vent nous déhale et rend la manoeuvre délicate
d'autant plus que le chenal est étroit. Nous hélons les cost-guards
afin qu'ils nous assistent et nous poussent avec leur bateau mais ils
refusent et proposent de nous remorquer. Là, c'est nous qui refusons
(nous nous rappelons d'un remorquage, il y a une vingtaine d'années,
avec Tonga Soa et nous préférons ne pas réitérer l'expérience). Du
coup, nous regagnons le quai des douanes n'ayant d'autres solutions.
Au petit jour, bis répétita, nous changeons le bateau de place avant
que le vent se lève.
Nous retrouvons le Caudan, lequel n'a guère changé. Nous
ratons Catherine et Miko qui partent le jour de notre arrivée et
n'auront pas le temps de passer nous faire un petit coucou,
dommage!!!...
Mercredi 26 au matin, retour au quai des douanes pour les
formalités de départ. Le Capitaine se galère un peu pour récupérer ses
fusils harpons. Pour rendre la démarche plus rapide, il aurait fallu
que nous les informions 48 heures à l'avance de la date de notre
départ, bref, no comment. Nous nous rendons ensuite au Duty-free afin
d'effectuer quelques achats, et, là, nous apprenons avec consternation
que nous ne pouvons bénéficier de la détaxe car, là aussi, cela
nécessite un délai de 48 heures. Le Capitaine et la Matelote sont
furieux car l'avant-veille, ils s'étaient rendus dans le magasin et le
discours qui leur a été tenu n'a jamais fait référence à un délai de
48 heures. Il leur a été signifié qu'il suffisait d'effectuer ses
achats, ensuite ces derniers étaient livrés au bateau, les douaniers
informés contrôlaient les marchandises et nous délivraient notre
clearance.
Remontée, la Matelote leur a conseillé de se mettre sur la
même longueur d'onde et d'accorder leurs violons car entre les
discours des cost-guards, des employés du Waterfront, ceux du
Duty-free, il valait mieux être correctement corticalisé pour ne pas
finir dingo.
Mais, cerise sur le gâteau, en lien avec le Maître de Port de la
Réunion, nous apprenons qu'il y a un problème de fièvre aphteuse au
niveau de Maurice et Rodrigues. Aussi, un protocole de protection a
été mise en place qu'il nous est demandé de respecter. C'est drôle
(pas vraiment), que ce soit à Maurice ou à Rodrigues, ni la Santé, ni
les Douanes, ni l'Immigration ou encore les Cost-Guards ne nous ont
évoqués ce problème de possible épidémie. Pas cool, pour les bateaux
non informés qui arrivent à la Réunion, et, tout simplement, par
principe. Sympa, les Cousins !!!
Nous nous préparons pour le départ, et, avant de larguer
les nôtres, prenons les amarres de "Tiloune" en provenance de la
Réunion dans le cadre de son école de croisière.
Retrouvailles émues car lorsque nous avons quitté la Réunion, quelques
mois plus tôt, "Tiloune" rentrait après un trip de trois ans dans les
Antilles et le Pacifique Sud. Amarres larguées, nous croisons dans le
chenal "Florestan" à qui nous laissons la place, au quai... des
douanes. Nous les saluons à coup de corne de brume made in Layang. En
réalité, il s'agit d'une algue (kelp) que l'on trouve en Afrique du
Sud que la Matelote a fait sécher, et, qui servait, dans le passé, à
prévenir les pêcheurs de l'arrivée des baleines. Court salut mais nous
savons que nous les retrouverons bientôt.
Salut alors rentrés?
RépondreSupprimerOn vous fait la bise de Malte.
A bientot