lundi 26 octobre 2015

dernier petit bout de polynésie française

MOPELIA


La passe de Mopelia n'a rien à envier à celle de Maupiti. Dans
un genre différent, elle est également impressionnante quant à
l'approche. Encastrée entre deux platiers de coraux et balisée
uniquement par deux marques blanches (une à l'entrée à babord, l'autre
à la sortie à tribord), l'ancien balisage est parti avec le dernier
cyclone et n'a pas été refait depuis.
La passe est dite très dangereuse en raison de son étroitesse (30
mètres), du courant toujours sortant atteigant 3 noeuds à l'étale et 8
noeuds au maximum et des tourbillons dus aux rencontres de courants
près du plateau de corail central.

Bien évidemment, nous nous trouvons devant la passe vers midi
et donc loin, très loin de l'étale du petit matin. Afin d'avoir une
vision un peu plus précise de l'endroit, nous pensions pouvoir nous
appuyer sur la carte CM93 mais... gloups!... elle est FAUSSE!!!!...
Une fois entrés dans le lagon après avoir un peu "slalomé" dans la
passe, nous nous dirigeons vers la maison de Marcello pour y faire
notre livraison de cartons.
Hio, le fils vient nous rejoindre au mouillage suivis par Albert,
Ferdinand, Tino. Le déchargement est quelque peu perturbé par le
clapot généré par le vent de Sud sur lequel les barques dansent la
gigue. Finalement, nous nous résignons à les mettre à couple et
organisons le déchargement par l'arrière.

A Mopelia, une vingtaine de personnes vivent un peu en mode
"Robinson Crusoe". Largués sur leur île, leur activité principale est
le coprah qu'un bateau vient récupérer tous les huit mois quand ce
n'est pas tous les ans. Isolés le reste du temps, les voiliers
viennent rompre cette solitude en y faisant escale. Attendus
impatiemment, tels les Messagers portés par le vent, ils contribuent à
l'entretien et à l'amélioration d'un certain bien-être de la
population.

En remerciement, Adrienne, la femme de Marcello, nous invitera
à diner. Au menu, poisson cru et cuit en papillotte, uru, riz en
accompagnement dont nous nous régalons.

Le lendemain, nous décidons d'emprunter la seule route de
l'île qui part du Nord du motu pour rejoindre le Sud ; au total, un
peu plus de 7,5 km aller et retour, soit 15 km à parcourir.
Nous nous armons de bâtons en cas de rencontres avec des chiens non
attachés et possiblement agressifs. Sur le chemin, nous croisons
Albert puis Ferdinand. Un peu plus loin, le Mousse aperçoit sur une
petite motte de terre une télévision. Ni une, ni deux, il se rue
dessus, bidouille les différents boutons avant de percuter qu'elle ne
peut pas fonctionner n'étant pas alimentée en électricité.
En bout de chemin, nous arrivons à la cas de Tino. Le lagon étant plus
protégé et mieux abrité du vent de Sud, nous décidons de changer de
mouillage. Au retour, Hio nous attend avec des langoustes et Ferdinand
viendra nous faire une livraison de noix de coco nettoyées prêtes à la
consommation.

Nous descendons dans le Sud le lendemain matin. Si le
mouillage se révèle beaucoup plus confortable, la météo, quant à elle,
nous offre de nouveau un ciel mitigé à tendance plutôt couvert. Tino
et sa femme nous inviterons également à diner. Là encore, poisson cru,
langoustes, poissons grillés... tant et tant que nous regagnons le
bord les bras chargés.

Le temps n'incitant guère à la baignade, nous décidons de
repartir en ballade dans l'intérieur du motu. Pour rigoler, nous
scrutons les souches de cocotiers, habitats de prédilection des
crabes-coco, paraît-il.
Mais ce n'est pas qu'il paraît, c'est vraiment vrai. En relevant,
armés d'un bâton, un gros pied de coco gisant à terre, nous apercevons
un espèce de gros bébète de Bernard-l'hermite (mais non ! pas le
Capitaine...) munie d'une carapace dans les tons bleutés.
Pour le coup et cette fois-ci, il s'agit bien de lui, le Capitaine
décide de la capturer. Pas si simple l'histoire, c'est que ça se
défend cette "chose", et, qu'en plus, ça a tout plein de pattes,
certaines avec des pinces, d'autres avec des aiguillons coupant comme
des lames de rasoir. Et, bien qu'elles soient nombreuses, il les manie
avec dexterité, le boug'.
Ah ! ça y est, Capitaine vient de se faire lacérer le dessus de la
main et ça pisse le sang!!!... Heureusement que nous ne sommes pas
dans l'eau mais bien sur terre.
Après une longue lutte acharnée, nous parvenons à attacher notre proie
tant bien que mal et plutôt mal que bien avec des vieux petits
morceaux de bouts que la Matelote a ramassé de part et d'autre. Notre
crabe ayant décidé de danser la gigue au bout de ses cordages, nous
avons tenté de renforcer ses liens. Finalement, bon an, mal an, nous
sommes parvenus jusque chez Tino avec notre prisonnier. La suite n'est
qu'une formalité, me direz-vous !. Et bien, que nenni ! C'est qu'il a
continué à se débattre le boug' avant d'aller dans la cocotte. Et même
dans la cocotte-minute, il est parvenu à démonter le caoutchouc du
couvercle qu'il tenait fermement entre ses pinces et qu'il ne voulait
lâcher sous aucun prétexte.
"Il va me le bouisiller" s'égosillait la Matelote
"Mais intervenez, faites quelque chose, ma cocotte!!!....
Dés qu'on l'approchait, il sortait ses autres pattes armées d'un
aiguillon. Un court instant, n'en venant pas à bout, nous avons eu un
grand moment de solitude puis EUREKA !!!
Le Capitaine est descendu chercher la pince coupante et l'a délesté de
l'extrémité de ses pattes, rendant, tout à coup, la manipulation
nettement plus aisée. Finalement, nous l'avons pris en photo après son
passage dans la cocotte, du coup, après la cuisson, il a perdu toutes
ses belles couleurs bleutées pour un magnifique orange.

Une semaine déjà que nous sommes à Mopelia. Pour changer,
nous n'aurons pas eu une super météo, vent de Sud frais, ciel nuageux
agrémenté de quelques grains.

Mopélia est notre dernière escale polynésienne, la plus Ouest
des îles de l'archipel de la Société, laquelle est différente des
autres îles car plus proche, dans sa configuration, d'un atoll des
Tuamotus. Ici, les habitants sont quasiment livrés à eux-mêmes et
doivent s'organiser pour y vivre et y survivre en cultivant, en
faisant de l'élevage, en pêchant, etc... pas de boutique ni de
magasin, rien que le lagon, le sable et les cocotiers. Un téléphone
satellitaire les relie au monde en cas d'urgence, une V.H.F. au cas où
une voile serait aperçue et se dirigerait vers la passe, et c'est
tout.
Mais, paradoxalement, il y a quelques voitures sur le motu qui
viennent rappeler l'appartenance à une société de consommation.
"Des atolls du Pacifique, le touriste européen ne retient que l'esprit
enchanteur, les couleurs du lagon, les longues plages, le vert mordoré
des cocotiers. C'est oublier que ces îles constituent certainement
l'un des milieux naturels les plus hostiles à l'homme" Toulellan dans
Tahiti Colonial.

Mopélia vient clôturer le chapitre de la Polynésie Française.
Nous aurions aimé avoir, au cours de nos multiples escales, la météo
de saison (que du coup, nous ne connaissons pas pour, à priori,
puisque nous ne l'avons pas eue) pour bénéficier d'un meilleur temps
et profiter un peu plus de ces paysages grandioses qu'offre cette
partie de la planète. Et, que dire à ceux qui sont venus pour une
semaine dans le coin et qui ont eu un temps pourri (remarquez! pour
ceux qui sont venus en voyage de noces -et nous en avons vus- ne
dit-on pas voyage de noces pluvieux, voyage de noces heureux... Ah bon
? l'expression n'est pas la bonne...). Pas de chance, revenez une
prochaine fois, grattez un nouveau ticket!!!...
La cause ? El nino, pas El nino, on n'en sait trop rien mais c'est bien rageant.

Nous ne pouvons attendre que le temps de saison daigne
s'installer (s'il s'installe un jour...) et devons continuer la route.
Cap sur NIUE que nous devrions rejoindre après une nave de 8 à 10
jours.

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