dimanche 26 avril 2015

La grande traversée

D'ISLA SAN-JOSE (LES PERLAS) AUX MARQUISES




Que vous dire après 46 jours de mer ? Du bleu, encore du bleu
et toujours de bleu, un peu facile, non !!!...
On pourrait croire que les jours se suivent et se ressemblent. Eh
bien, que nenni ...

Si nous avons eu une bonne brise tout le long de notre
descente du golf de Panama avec des prises de poissons régulières, les
choses se sont progressivement modifiées au cours de notre avancée.
Ainsi, depuis notre sortie du golfe de Panama, nous alternons des
moments de petite brise auxquels se succèdent des moments de calmasse
voire de pétole quasi-complète nous laissant, non seulement, dans une
mer d'huile mais donnant également libre court aux anatiffes de
vampiriser la coque de LAYANG. Question pêche, là non plus, ce n'est
pas trop la joie, nada, zéro calebasse fumée grand bois, pourtant nous
pensons qu'il y a du poisson (des volants, nous en sommes sûrs ... y
en a même qui viennent s'échouer sur le pont, incroyable, non ?). Nous
avons vu des dauphins, des globicéphales et des chasses, quoique
rares.

Nous nous trouvons, après une semaine de navigation, à l'Est
des Galapagos et descendons en faisant une route Sud, Sud-Ouest en
fonction de l'orientation du vent, pour ensuite les contourner au sud.
Les journées se succèdent rythmées par les repas, les cours du cned de
Vasco, la lecture, le visionnage de films, des jeux de société, etc...
Le frais s'épuise, nous n'avons plus de tomates ni de concombres. Il
nous reste encore 2 ananas, 1 pastèque, 3 petits choux, des pommes de
terre, des oignons, de l'aïl, du gingembre, et, bien sur, des boîtes
de conserves (entre autre, des plats cuisinés).
Le régime de bananes que nous avions trouvé à Pedro Gonzales arrive à
sa fin. Il nous a permis de faire des desserts, gateaux et bananes
flambées. Vasco a particulièrement apprécié de dernier qu'il a
découvert et s'est, à chaque fois, attaché à ne pas manquer la
séquence du flambage, laquelle, quelque fois s'est avérée fort
importante et impressionnante. Heureusement, les plafonds ont été
miraculeusement épargnés...

Samedi 7 Mars, nous achevons notre deuxième semaine de
navigation. Nous progressons lentement mais sûrement et nous trouvons
à un peu plus de 200 milles au Sud, Sud-Ouest des Galapagos. De leurs
côtés, les anatiffes continuent d'inviter leurs potes et ils sont de
plus en plus nombreux à élire domicile sur la coque. Même pas, ils
demandent, même pas qu'on les a invités, même pas ils paient un loyer
ou une participation... Si ça continue, faudra que ça cesse,
SALSIFIIIIII !!!... Déjà, y a pas beaucoup de vent, pourquoi qu'ils en
rajoutent, on ne les embêtent pas, on se contentait juste de les
ignorer... même cette liberté, il nous l'enlève.
Dépité par cette réalité, Capitaine l'est encore plus de n'avoir eu
aucune touche mais il ne s'avoue pas vaincu et a pris la décision de
rajouter une deuxième ligne. Malgré cela, les deux lignes restent
désespérément muettes à se demander s'il reste des poissons dans cet
océan. Nous nous étions déjà fait cette réflexion en naviguant le long
des côtes mozambiquaines, et, serait-il possible que nous ayons déjà
ébranlé et mis à mal certains maillons de la chaîne alimentaire. La
seule touche que nous avons eu jusqu'à présent, avait comme origine un
fou de bassan (on ne rit pas, merci!) qui avait maillé une de ses
aîles dans la ligne. Heureusement, il est parvenu avec notre aide à
s'en extraire sans trop de casse.

Si les poissons et le vent sont peu présents, Capitaine a des
solutions pour toutes les éventualités, pour avancer, nous allons
avancer. Et nous voilà en train de préparer le spi ou comment devenir
psy avec un spi. Premier envoi, au bout de 4 heures, notre beau spi
chute lentement et inexorablement vers les eaux bleues du pacifique.
La drisse a cassé. Il faut monter en haut du mât pour la refaire
passer dans la poulie. J'vous donne en mille, c'est qui, qui va s'y
coller ?. Si, à même le pont, la houle d'1m50, 2 m, nous fait, quelque
peu, danser la gigue, je ne vous raconte pas ce qu'il en est, à 17 m
de hauteur. Evidemment, comme elle n'a pas été bien passée, il a fallu
remettre le couvert. Heureusement que je n'avais pas pris mon 4 heures
car il aurait certainement fini sur le pont. Deuxième envoi du spi, ce
coup ci, c'est le point d'amure qui lâche, à nouveau on l'affale.
Troisième envoi, tiens, le vent forci, il faudrait peut-être changer
de voilure. Qu'est-ce que tu dis ? La chaussette est coincée, elle ne
veut pas descendre, super !!!... On l'affale avec la drisse et on le
récupère flottant dans l'eau. A croire que ce spi aime les bains
d'eaux salées. L'équipage s'excuse de n'avoir pas eu la présence
d'esprit de prendre l'appareil photo pour immortaliser ces moments de
grands calmes intérieurs et de pleines zénitudes mais que voulez-vous,
personne n'est parfait...

En contre-partie, si les poissons et le vent sont rares, nous
avons cependant fait quelques rencontres inattendues et, pas
forcément, agréables. Un matin, alors que nous voulions démarrer le
moteur (pour avancer un peu, chut!!!), nous nous sommes attelés, de
nouveau, à trouver l'origine de cette prise d'air qui nous désamorce
le moteur en permanence. En allant à l'arrière du bateau pour vider
l'eau des fonds de cale, le contenu du seau avait à peine atteint la
surface de l'océan qu'un requin marteau d'environ 3 mètres a surgit de
l'arrière babord et est resté quelques secondes poster en surface à
l'arrière de la jupe. C'est bizarre, nous n'avons pas trop aimé son
sourire même la Capitaine était d'avis qu'il se refasse le ratelier.
Du coup, ceux qui avait l'idée étrange et saugrenue de prendre un bain
de mer se sont vite ravisés. Là, on se dit qu'il ne fait pas bon de
tomber à l'eau et que, peut-être, ce n'est pas très grave de ne pas
avoir eu de touche car avec de tels voisins dans les parages, la
probabilité de remonter un poisson en entier se voit quand même
sérieusement diminuée.
Quelques jours plus tard, contre toute attente, nous apercevons une
barque, assez loin devant sur notre tribord. Dans un premier temps, il
nous vient à l'esprit qu'il pourrait s'agir d'une survie, de rescapés.
En nous approchant, on reconnaît le type d'embarcation, une lancha
avec à son bord deux pêcheurs colombiens ou équatoriens, lesquels par
leur présence marquait l'extrémité d'un filet. Ils sont venus à notre
rencontre nous demander à boire, ce que nous leur avons donné.

Quatrième semaine de mer et toujours pas assez de vent surtout
pour LAYANG chargé comme une mûle et auquel il faut au moins 15 noeuds
pour commencer à s'exprimer. Du coup, nos squatters, cette peste
tropicale, en profitent, voire même, ils se multiplient, grossissent à
vue d'oeil. On pourrait presque les voir nous faire des pieds de nez,
c'est trop torrible...

Cinquième semaine, l'alizé semble commencer à rentrer
timidement. De ce fait, nous gagnons en vitesse, et, comble de joie,
une des lignes fait entendre son chant mélodieux et nous ramène un
beau thon d'une douzaine de kilos. Nous avons alterné des journées à
moins de 50 milles par jour avec des journées à 100 milles mais
nettement moins nombreuses.

Sixième semaine de mer, 29 mars, nous avons attrapé une
daurade coryphène de 300 g (on ne rit pas, merci ; même pas, on
sourit... C'est gentil...), nous n'en avons jamais vu d'aussi petites.
Cuite au court-bouillon, mélangée avec une boîte de maquereaux aux
olives et citrons, cela nous double notre ration de protéines. 16h00,
tiens, un drôle de bruit ?
C'est le psy, non le spi, la poulie d'écoute a cassé après que nous
ayons fait 66 milles efficace en 24h00.
1er Avril, 42ème jour de mer et ce n'est pas un poisson. Nous sommes à
430 milles. Pensée du jour : "il y a deux sortes d'oiseaux de mer, les
blancs s'appellent les mouettes, les noirs, les chnadons" comprenne
qui pourra !!!...
Dimanche 5 Avril, terre, terre, terre... Mais, tais-toi donc espèce de
cloporte, ce ne sont que des nuages, arrêtes de divaguer, dors!!!...
TERRE, TERRE, TERRRE, t'as trop bu de rhum et de pastis que tu ne
reconnais même plus la terre aux nuages, espèce de boit sans soif,
sapajou. 15h30, c'était vraiment la terre, nous voilà mouillé dans la
baie de FATU HIVA avec une grosse pensée pour Yves et ses vierges de
la baie.

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