samedi 13 décembre 2014

des iles mystérieuses

TRINDAD - LOS ROQUES



Nous quittons Trinidad en fin de matinée. Nous espérons
arriver à hauteur de Blanquilla en journée.

Nous partons cap Nord-Nord-Ouest afin de nous écarter des
côtes vénézuéliennes. En effet, plusieurs échos, émanant de différents
plaisanciers, nous laissent entendre qu'une certaine piraterie existe
dans cette région et qu'il n'est pas impossible d'y faire de mauvaises
voire de fâcheuses rencontres.

Pour ces mêmes raisons, nous prendrons l'option de ne pas
nous arrêter à Isla Tortuga ainsi qu'à Isla Margarita, laquelle serait
encore moins safe que la première.

Contrairement à nos estimations, notre approche de Blanquilla
se faisant par nuit sans lune, nous décidons, ne disposant pas de
cartes de détail, de continuer la route vers Los Roques. Nous y
arriverons en fin d'aprés-midi, juste avant le coucher du soleil.

Cet archipel est situé à 80 miles au nord du port de La
Guaira entre les 11°48 et 11°58 de latitude nord et 66°32 et66°52 de
longitude ouest. Au centre de cet archipel de 221120 hectares se
trouve un immense lagon d'environ 400 km2 qu'encerclent 42 îlots et
environ 250 bancs de sable, récifs coraliens et sédiments calcaires,
lesquels surgissent à marée basse.

L'archipel de Los Roques est un site assez unique tant par
l'exceptionnelle transparence de ses eaux, la variété de sa vie
sous-marine que par la blancheur aveuglante de ses petites plages de
sable fin qui contraste avec les nuances azurées et turquoises qui les
enveloppent.

Depuis Août 1972, un décret présidentiel a classé "Los
Roques" parc national afin de protéger l'archipel qui n'est, ni plus
ni moins, que la troisième barrière de corail du monde par sa
diversité (98% des espèces coraliennes qui existent dans le monde
peuvent y être observées ainsi que 92 espèces d'oiseaux - dont 50
migrateurs d'Amérique du Nord - appartenant à 30 familles différentes
auxquels viennent se rajouter un certain nombre de reptiles comme les
iguanes, les lézards ou les salamandres). Pour résumé comme cela a été
fait par les revues touristiques vénézuéliennes : "l'authentique
trésor de Los Roques commence là où la terre se termine et s'étend
jusqu'au fond de la mer".

Malheureusement, n'ayant pas fait d'entrée au Vénézuéla, nous
appareillerons le lendemain au lever du jour (nous apprendrons plus
tard qu'il serait maintenant possible d'y faire l'entrée ainsi que la
sortie du territoire). Nous n'aurons donc pas le loisir de découvrir
cet archipel, qui semble se révéler un espace rêvé pour le snorkling
et la plongée. Nous continuons la route cap plein ouest. Aprés une
nuit étoîlée, nous avançons, allure grand largue, limite vent arrière,
à la vitesse de 6 nds, cap sur Curaçao.



LOS ROQUES - LE TRIANGLE DES LAMBIANAS


En milieu de matinée, il nous semble apercevoir une terre.
Etonnant... Nous sommes encore loin de Bonaire et encore plus de
Curaçao. Notre impression se confirme, il ne s'agit donc pas d'une
hallucination. Nous approchons prudemment de cette bande de terre qui
émerge de la mer. Nous pensons avoir apperçu un mât en arrière plan,
mais l'apparition étant furtive, nous sommes dubitatifs.

Nous arrondissons la pointe de sable pour la contourner et
voir ce qui se cache derrière. Soudain et de façon incompréhensible,
une brume légère se lève au fur et à mesure de notre avancée. Il nous
semble, à nouveau, deviner la coque d'un bateau mais la brume se
densifiant et opacifiant notre visibilité, nous ne sommes sûrs de
rien. Avançant dans une purée de pois inexpliquable, nos regard
scrutent les données du sondeur, 10 m, 8 m, 6 m, 4 m, arrière toute,
nous décidons de ne pas aller plus en avant et de mouiller l'ancre.
Comme par enchantement, le brouillard disparaît. Nous ne savons pas
exactement où nous nous trouvons et distinguons maintenant très
nettement la présence d'un autre voilier et pensons reconnaître "Le
Rebelle". Notre impression se verra vite confirmée. Le Capitaine nous
fera part des mêmes phénomènes étranges alors qu'il était en phase
d'approche dans le même créneau horaire que nous.

Bizarrement, nous constatons l'arrêt de nos montres ainsi que
de tout objet pouvant donner l'heure, ennuyeux...
Nous avons le sentiment d'être, en quelque sorte, au milieu de nulle
part ; hormis ces bandes de terre peuplées essentiellement de
frégates, fous de bassan et de pélicans, en nombre moins important,
rien d'autre que la nature à l'état brut.

Tels des "Robinson Crusoé", nous partons à la découverte de
cette terre inconnue. Au nord ouest, contre toute attente, nous
tombons sur un sanctuaire où chaque marin de passage a laissé son
empreinte, faîte de matériaux naturels. Nous décidons de compléte ce
musée insolite en y apportant notre touche personnelle et entreprenons
la confection d'une pagaie.

Ici, le temps est comme suspendu, seule la course du soleil
vient rythmée nos journées, celle des oiseaux et de la nature à l'état
sauvage, préservée de l'espèce humaine et de sa pollution. Un ailleurs
land où il ne peut être autrement que d'aller à l'essentiel où, du
moins, d'y réfléchir.

Nous serons rejoint par un bateau de pêche vénézuélien,
lequel nous narrera la légende de cet endroit que nous traduira le
Capitaine du Rebelle compte-tenu de notre importante maîtrise de la
langue espagnole. Ainsi : "Autrefois, il y a de très nombreuses années
vivait ici un vieux pêcheur. On prétend qu'il était venu un jour pour
y pêcher. Alors qu'il bivouaquait sur la plage, le temps se gâta
durant la nuit au point que sa petite barque, mal amarrée, fut
emportée par la mer.
Au petit matin, le vieux pêcheur découvrit sa triste réalité, il était
coincé dans cet endroit mais cela ne lui déplaisait pas, c'était un
solitaire et un sage.
Au fil du temps, il s'était fait ami avec les oiseaux, les poissons et
les coquillages. A force de vivre parmi eux, on dit qu'il finit par
communiquer avec ces derniers. Un jour, le roi des Lambis (coquillages
prisés pour sa coquille et sa chair) lui fit part de ses inquiétudes
quant à la longévité de son peuple qu'il considérait en danger par
rapport au comportement chasseur de l'espèce humaine. Il aurait eu des
échos émanant d'un royaume similaire au sien et assez proche que
grands nombres de sujets auraient été kidnappés par des êtres humains,
disparus, personne ne les auraient jamais revus.

Alors, le vieux pêcheur ermite qui était également un
druide prépara une potion dont il arrosa toutes les berges de l'île. A
partir de cet instant, l'île devint invisible pour n'apparaître aux
yeux des humains qu'une fois par jour, et cela, pendant une heure
seulement. Le roi des Lambis remercia le vieux sage d'avoir été à
l'écoute de ses inquiétudes et d'avoir intercéder quant à la
sauvegarde de son peuple. Il est dit que la brume qui se lève, serait
son esprit, lequel, se manifesterait ainsi pour protéger l'île.

Nous profitons intensément de ce site rare et exceptionnel
et savourons, chaque seconde, la chance que nous avons d'être dans cet
endroit unique et de nous sentir comme propulsés hors de l'espace
spatio-temporel.

Malheureusement, la réalité nous rattrape et cet
enchantement n'est accompagné que d'une amnésie partielle. A regret,
nous passons le portail temporel et quittons ce que nous appelerons
"Le triangle des Lambianas" pour reprendre notre route vers Curaçao.

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