vendredi 17 octobre 2014

Saint Laurent du Maroni

SAINT-LAURENT DU MARONI



Nous arrivons aux environs de 10h30 à la bouée d'attérrissage
du chenal. Ce que nous avions calculé afin de nous trouver en début de
marée montante devant l'embouchure du fleuve Maroni.

Au bout de quatre heures voire un peu plus, et, aprés avoir
parcouru une distance de 25 miles, nous arrivons enfin à Saint-Laurent
du Maroni. Nous mouillons le bateau devant l'épave d'un gros cargo.
Son échouage ne doit pas être récent vu la végétation qui en a pris
possession

L'annexe mise à l'eau, nous partons à terre découvrir
Saint-Laurent qui n'est, ni plus ni moins que la deuxième plus grande
ville de Guyane. De son passé colonial et d'administration
pénitentiaire, Saint-Laurent a hérité de monuments magnifiques venant
rappelé que la ville a connu, jadis, une certaine prospérité.

La région du Maroni est l'endroit de la Guyane où se
concentrent les différentes ethnies des Noirs marrons, descendants des
esclaves qui se sont révoltés et enfuis des plantations avant
l'abolition de l'esclavage. Paralèllement, la population amérindienne
y est également fortement représentée puisque sur ses terres.

A peine avons-nous mis pied à terre, voilà que nous sommes
interpellés par un monsieur amérindien, lequel insiste pour nous
offrir un verre. Un peu hésitants, nous nous entendons dire qu'il
n'est pas possible ni convenable de refuser une invitation d'autant
plus d'un amérindien. Pourquoi ? Je crois que nous resterons avec nos
questionnements.
Continuant notre ballade, nous nous ferons surprendre par un grain aux
pluies diluviennes, lequel nous obligera à nous abriter tant que faire
ce peut en attendant une acalmie.

Visite incontournable en cette ville, le camp de la
transportation, lieu mythique où tous les bagnards, à leur arrivée de
Métropole, étaient débarqués. Aprés une visite médicale, ils étaient
répartis dans les différents centres pénitentiaires de Guyane. 55.000
transportés ont été dénombrés et représentaient la catégorie de
bagnards la plus importante.
Ces forçats pouvaient être condamnés pour un temps déterminé ou à
perpétuité en fonction de la qualité de l'acte qu'ils avaient commis.

Les condamnations à mort s'effectuaient par guillotine.
Celle-ci était montée la veille de l'exécution et démontée
immédiatement le lendemain. Le bourreau était un bagnard volontaire
qui obtenait une prime pour chaque exécution. Le condamné à mort
recevait son dernier repas, un verre de rhum, un litre de vin et une
cigarette ; il devait ensuite signer le Registre de levée d'écrou.

Aux dires de notre guide, grand nombre de personnes viennent
visiter le camp essentiellement pour voir la cellule 47, celle d'Henri
Charrière, plus connu sous le nom de "Papillon".

Il semblerait cependant que la pire des destinations pour ces
bagnards ait été le camp Charvein sur la route de Mana. Là, il est
rapporté que les bagnards travaillaient nus, mesure dissuasive pour
les empêcher de s'évader, et, étaient, de ce fait, non seulement
exposés aux piqûres d'insectes ou d'animaux divers et variés mais
également à la chaleur du soleil. Outre ces conditions de vie
difficile, ces derniers souffraient de dénutrition. Ainsi, grand
nombre d'entre eux mouraient rapidement. Leurs corps étaient alors
jetés dans le fleuve et servaient de festin aux caïmans.



SAINT-LAURENT DU MARONI & SES ENVIRONS



Qui dit camp de la transportation dit également camp de la
relégation, histoire de boucler la boucle. Ce dernier se trouvant à
Saint-Jean du Maroni, et, ne pouvant nous y rendre à pied compte-tenu
de la distance, nous optons pour la location d'une voiture. Ceci fait,
nous décidons de nous rendre à Mana puis aux villages amérindiens
d'Awala-Yalimapo.

Nous reviendrons de cette ballade un peu déçus. Mana est une
petite ville sans grand attrait bien que la mairie a, par le biais de
panneaux sur la berge du fleuve, mis en valeur l'histoire de cette
ville à ses heures de gloire ainsi que les personnes phare telle
Anne-Marie JAVOUHEY.

De Mana à Awala-Yalimapo, la route longe le littoral avec ses
plages qui sont un site de pontes réputé des tortues luth, olivâtres
et vertes, occasionnellement la tortue imbriquée et la torue caouanne
ont pu y être observées. Ici, nous sommes en pays Galibi mais
étrangement rien ne semble avoir été pensé ni fait pour mettre en
valeur et partager les savoirs-faire, les traditions et les coutumes
de cette ethnie qui, pourtant, possède une véritable culture
artisanale.

Retour à Saint-Laurent pour la pose méridienne. Nous irons
nous sustenter au restaurant du lycée professionnel et savourerons les
différents plats qui se succèderont. C'est une adresse à recommander,
excellente cuisine et très bon rapport qualité-prix.

Pour la digestion, direction Saint-Jean du Maroni pour la
visite du camp de la relégation.
Notre arrivée à Saint-Jean nous donne une impression de terminus.
L'endroit est tout petit et semble avoir été oublié du reste du monde.
Les bâtiments du camp de la relégation sont occupés par les
militaires, et, notamment, le RSMA. Durant la visite, Vasco s'amusera
à repérer et dénicher les briques marquées des lettres A P (pour
Administration Pénitentiaire, il est dit que certaines de ces briques
se vendent très cher. C'est pour cette raison, entre autre, que
beaucoup de sites ont été, quelque peu, pillés).
Dans ce camp, étaient accueillis les récidivistes n'ayant pas commis
de graves délits. La peine de relégation impliquait un séjour à
perpétuité hors de l'hexagone, et, plus spécifiquement, en Guyane. Les
relégués, comme on les appelait, étaient en principe libres toutefois
ils devaient malgré tout se soumettre et répondre à un appel, et
cela, trois fois par jour. Une simili liberté qui, très vite, a pris
le visage d'une prison sans barreaux.

Une expédition en pirogue au coeur de la forêt amazonienne
nous aurait bien tenté mais nous ne pouvons pas tout faire et il n'est
pas facile de laisser plusieurs jours le bateau sans surveillance.

Notre séjour en Guyane touche à sa fin, nous avons reçu les
cours du CNED à la grande joie de Vasco. Nous nous préparons à
repartir, reprendre les quarts de nuit en espèrant ne croiser que des
grains sans vent, et là, c'est pas gagné!!!

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