lundi 6 juin 2016

Vanuatu 2

PORT VILA - PORT HAVANNAH


Nous quittons Port Vila pour Port Havannah, situé au
Nord-Ouest d'EFATE à une distance d'environ 20 miles. sur la route,
nous laissons sur notre babord l'ile d'ERETOKA, appelée aussi l'ilot
Chapeau en raison de sa forme. Cette ile est le domaine du Chef Roi
MATA inscrit au Patrimoine de l'Unesco en 2008. Selon les traditions
orales des îles du Centre, arrivé en pirogue vers 1600, Roi MATA
aurait conquis EFATE et les îles avoisinnantes. Il est à l'origine de
l'unité tribale grâce à un système de parenté matrilinéaires à lignées
totemiques entre lesquelles la guerre est impossible ; Système qui
perdure depuis 400 ans et qui est toujours d'actualité.

Nous arrivons en début d'après-midi et décidons de mouiller
devant une plage protégée par une langue de sable. Nous posons la
pioche non loin d'un beau bateau à fond de verre tout neuf mouillé sur
un corps mort. Nous avons l'évitage si le vent se maintient dans la
même direction.



PORT HAVANNAH
REVEIL EN CATA.


Alors que l'équipage récupère paisiblement, l'arrivée d'un
grain accompagné de vent le sort de sa somnolence. Les capots de pont
fermé, nous allons pour rejoindre Morphée lorsque, soudain, un premier
bruit sourd résonne au niveau de la coque puis un deuxième. Le
Capitaine bondit hors de la banette et fonce en tenue d'Adam sur le
pont.

Le Capitaine : ET MERDE !!!... La Matelote ramènes-toi, on a l'arrière
du bateau sur l'étrave du bateau à fond de verre.

La Matelote se lève précipitament en tenue d'Eve également. Il fait
nuit noire, la pluie tombe et le vent vient complèter le tableau en
nous donnant un coup de frais, réveil un peu brutal en somme et, ma
foi, pas très agréable.
La passerelle d'embarquement et de débarquement située à l'étrave du
bateau à fond de verre s'est encastrée, en son milieu, dans notre
régulateur d'allure et se trouve en appui dessus. Nous nous trouvons
pour ainsi dire solidariser, ce qui doit en faire une drôle
d'embarcation. Le vent continue à monter. Les amarres de l'annexe (eh,
oui ! nous avons deux bouts pour l'amarrer, toujours un en plus pour
la sécu.....) sont passés sous le bout de son corps mort. Nous mettons
le moteur en marche.

Le CAPITAINE : Je mets en marche avant pour dégager le bateau !

La MATELOTE : Non, ne fais pas ça, tout va tout exploser les bouts de
l'annexe sont coincés avec son corps mort, on ne pourra pas dégager le
bateau sans dégager l'annexe car elle va nous bloquer ou on va pêter
les bouts qui l'amarrent et la perdre.

Le CAPITAINE : Mais qu'est-ce que tu veux faire d'autre ????

La MATELOTE : Je vais monter sur l'autre bateau, tu vas détacher les
bouts l'un après l'autre, je vais les repasser sur le bout de son
corps mort et tu vas les réamarrer sur le bateau.

Bien que le Capitaine n'était guère favorable à cette solution quelque
peu périlleuse, la Matelote était déjà parti escalader l'autre bateau.
Une fois à bord, aprés être montée par son babord, elle traverse pour
se rendre côté tribord afin de récupérer les bouts et effectuer la
manipulation avec l'aide du Capitaine. Opération réussie l'annexe est
de nouveau libre et pour éviter qu'elle repasse sur le bout du corps
mort, Capitaine part l'amarrer sur le milieu tribord du bateau. La
Matelote, quant à elle, se galère quelque peu pour ressortir du bateau
à fond de verre mais y parvient finalement.
Le vent souffle toujours et la pluie ne s'est pas arrêtée, on se les
pèle !!!... Même si cela ne sert pas à grand chose, on descend
s'habiller et appelons le Mousse à la rescousse afin qu'il nous
éclaire le bateau à fond de verre de manière à ce qu'on ne le percute
pas lors des manoeuvres. Il est un peu plus de 4h00 du matin, le jour
va bientôt se lever, ça, c'est plutôt une bonne nouvelle mais pour le
moment nous sommes toujours dans le "fénoir".

Le CAPITAINE : Marche avant soutenue.

Les deux bateaux se désolidarisent. Le Capitaine tente de remonter l'ancre.

Le CAPITAINE : Stop !, la marche avant

La MATELOTE : Oh, le Mousse ! Eclaires-moi ce foutu bateau avant qu'on
ne le percute.

Le MOUSSE : Mais c'est ce que je fais ou du moins ce que j'essaie de
faire. Et puis, j'ai froid moi... J'en ai marre!!!

La MATELOTE : Je repars en marche avant car on risque de le heurter.

Le CAPITAINE : Arrêtes, la chaîne est super tendue, ça va finir par pêter !!!...

Aprés plusieurs marche avant, marche arrière, sur babord, sur tribord
pour éviter ce satané bateau, le Capitaine bat en retraite, la chaîne
étant bloquée dans des patates, nous ne pouvons pas remonter l'ancre.
Le jour commence à poindre, Capitaine décide de balancer la quasi
totalité de la chaîne.
Sauf que maintenant, nous sommes derrière lui. Vous me direz "c'est
quoi le problème, maintenant?"; Le problème, c'est que notre étrave se
trouve tout près de son arrière équipé de deux gros moteurs hors-bord.
Le jour continue à se lever et le vent, enfin, s'atténue mais ne cesse
de tourner dans tous les sens, ce qui n'arrange pas nos gamelles et
nos bidons. Nous finissons par prendre l'option de mettre les
pare-battages côté babord au cas où, et déhalons notre voisin
régulièrement, tant bien que mal.
Les choses se corsent, le vent tourne au Sud et nous risquons de voir
notre chaîne passée sous son corps mort et de nous retrouver sur son
babord, état de fait qui compliquerait encore plus la manoeuvre de
dégagement.

Nous décidons alors de remonter le mouillage en jouant avec les sauts
du vent qui nous en éloignent de temps en temps. Finalement, nous
parvenons à remonter lentement sur notre mouillage pour revenir devant
lui, suffisament, pour éviter tout risque de collision. Déhaler du
danger, nous parvenons à dégager l'ancre et à la remonter, OUF !!!! Le
jour est maintenant bien levé, nous dégageons de ce coin pour aller
mouiller un peu plus au Sud, en face de la passe située entre l'île
LELEPA et la pointe Sud de l'île MOSO. Nous laissons retomber la
tension, contents d'être sortis de cette situation sans casse
réciproque.
Nous redressons la vis qui sert à tenir la pâle du régulateur et
espaçons les deux montants alu. qui la maintiennent.
Après une ballade à terre, nous profitons de la plage et relevons
l'ancre en fin d'après-midi pour l'île d'Epi.




PORT HAVANNAH - EPI


Nous avançons dans la passe avec le soleil couchant et le ciel
qui se teinte progressivement de nuances orangées.
Vent d'Est 15 nds, allure travers, nous progressons sous une nuit
étoilée et nous rapprochons doucement mais sûrement d'Epi que nous
devrions atteindre au lever du jour.

Aux lueurs de l'aube, nous longeons la côte Ouest et remontons
vers le cap Foreland, puis nous dirigeons vers l'île LAMEN en
cherchant sur la côte de l'île d'Epi, la baie de Lamen qui devrait se
trouver en face. Nous n'avons pas de cartes détaillées et faisons une
approche à vue et au sondeur.

Nous finissons par entrer dans une baie, la plus au Nord-Ouest
après avoir contourné un grand platier. Quelques informations
recueillies préalablement nous confirment que nous nous trouvions bien
là où nous voulions aller.

08h30, le bateau est ancré et nous pouvons penser partir en
exploration sous-marine en espérant apercevoir ou croiser Bondas, un
dugong présent dans la baie de Lamen et qui ne serait pas trop
craintif. Bien que nous ayons sillonné la baie en PMT, à défaut de
contempler Bondas, brillant par son absence, nous avons pu admirer des
coraux et des polypes multicolors, des anémones bleues, des poissons
clowns très timides et foultitudes d'autres poissons coraliens. Le
Capitaine a même vu en banc de dauphins passé à 2 mètres de son
masque, il y en a qui sont veinards!!!...

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