mardi 22 septembre 2015

Dernier coucou de Polynésie

RAÏATEA - BORA-BORA



Un beau coucher de soleil accompagne notre dernière soirée à
Raïatea. Nous levons l'ancre au petit matin pour nous diriger vers
Bora-Bora. La passe RAUTPANUI, derrière nous, nous envoyons les
voiles. Nous croisons, en cours de nave, des baleines que nous avons
du mal à rattraper mais nous parviendrons quand même à faire quelques
photos.
Nous affalons juste à l'entrée de la passe TEAVANUI, seule passe qui
permet d'accéder au lagon de la "Perle de la Polynésie".

Notre première impréssion nous laisse avec un sentiment
dubitatif quant à l'appellation "Perle de la Polynésie Française"
concernant l'atoll de Bora-Bora. Certes, les conditions climatiques ne
nous sont, encore une fois, pas très favorables pour nous permettre
d'en avoir une idée objective (ciel couvert, plafond bas, vent de Sud
assez fort) de la côte Ouest.

Le soleil revenant, nous décidons d'aller explorer la côte
Est. Antérieurement, nous avions loué des vélos pour faire le tour de
l'île, laquelle, en soi, n'a rien a envié aux autres. La réputation de
Bora-Bora a, en effet, induit au cours des dix dernières années, la
construction de nombreux hôtels de luxe dont les bungalows sont sur
pilotis. Ces derniers occupent une bonne partie du littoral de la côte
Est et avoisinent les habitations des polynésiens, le faste et le luxe
à côté de la simplicité.

Si les polynésiens sont soucieux d'entretenir leurs cours et
jardins qu'ils balaient et nettoient quotidiennement, batteries
usagées, carcasses de voiture, scooter ou autres ne semblent pas les
déranger ni ternir leur environnement.
Parallèlement, cannettes, bouteilles en plastique, emballages divers
jonchent les bas côtés des routes en nombre plus ou moins important.

Notre excursions sur la côte Ouest nous fait cependant
découvrir un magnifique lagon d'une eau cristalline qui nous éblouit
par la contraste de bleus qui se succèdent et s'entremêlent selon la
profondeur où nous évoluons. Compte-tenu de la présence des nombreux
hôtels, les accés à terre sont rares et les motus, à proximité,
affichent, pour la plupart, des écriteaux sur lesquels le mot "TABU"
signifie que vous êtes en terrain privé. Au cas où vous auriez des
difficultés à les décoder ou à en comprendre le sens, les chiens sont
là pour finaliser le travail et vous permettre d'intégrer le message.
La notion de propriété est ici assez marquée et revêt une forme
prègnante, on ne peut pas leur en vouloir de sauvegarder leur bout de
sol.

Durant notre escale, un jeune homme d'une trentaine d'années
et père de famille s'est fait, pour une péccadille, roué de coups par
de jeunes individus alcoolisés et y laissera la vie. La maison de la
presse est fermée, le propriétaire a été retrouvé mort la gorge
tranchée, suicide ou assassinat ? L'enquête a conclu à un suicide mais
une partie de la famille et, à priori, de la population n'en paraît
pas convaincu. Ne parlons pas des bébés secoués relatés dans les faits
divers,etc... Ici, comme ailleurs, la violence est présente au sein de
certaines structures familiales et, si le polynésien se revendique
pacifiste, on peut, parfois, percevoir une violence larvée et latente
même au milieu de ces paysages idylliques.
L'acoolisme, le pakalolo (zamal) et le désoeuvrement de certains
jeunes abandonnant trop tôt leur scolarité et se retrouvant, de fait,
sans formation, la précarité de l'emploi... autant de facteurs
susceptibles d'entraver une certaine harmonie.

Pour autant, celle-ci semble être recherchée vu le nombre de
temples chrétiens ou protestants bâtis sur grand nombre d'atolls où
nous nous sommes arrêtés. La religion est très présente en Polynésie
et le peuple très croyant, pratiquant et lucide, soucieux de se
préserver. Heureusement, ce territoire, de par son éloignement, est
loin des problèmes des migrants et ne subit pas les actions
répréhensibles menées sous couvert de certaines croyances religieuses.

Bora-Bora est quasiment notre dernière escale en Polynésie
Française et vient clôturer ce chapitre.
Notre coup de coeur va aux Marquises pour l'authenticité et la
générosité de ses habitants possédant une véritable richesse. Même si
l'histoire a donné quelques coups de sabre quant à la transmission de
leur culture, les Marquisiens sont des artisans créateurs inégalables
dans leurs domaines (sculptures sur bois, sur os, sur pierre, tapas,
etc...) au sein de la Polynésie Française. S'ils ne disposent pas de
beaux lagons comme leurs voisins, leurs îles montagneuses regorgent de
richesses avec lesquelles ils vivent en symbiose, continuant, pour
beaucoup, à utiliser les méthodes de chasse, de pêche, de cultures
ancestrales. On peut comprendre que des personnes comme Brel ou
Gaughin soient venus s'y échouer.
Les "Tuamotus" nous laisseront comme souvenirs la beauté de ses lagons
et de sa faune, une nature sauvage qui laisse une sensation d'immuable
éternité, la culture des perles noires qu'ils partagent avec les
"Gambiers".
L'archipel de la Société est, d'une certaine façon, une symbiose de
ces deux mondes alliant montagnes et lagons, toutefois sans les
précédents, et, leurs apports, celui-ci perdrait beaucoup de son éclat
et de son aura. Chaque archipel est une pièce d'un puzzle dont la
résultante est la Polynésie Française.

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