FAKARAVA - SUITE & FIN
Ayant eu connaissance de l'arrivée d'un coup de Sud, nous
décidons avec nos amis italiens de redescendre nous abriter dans le
Sud de Fakarava. Nous faisons la descente au moteur avec un bon vent
de face et un bon gros gros clapot, histoire de nous contrer un peu
plus. Nous arrivons à Hirifa en milieu de journée, contents d'être
arrivés et de ne plus nous faire secouer comme des bouteilles
d'orangina.
Coup de Sud passé, nous remettons le cap vers le village
de Rotoava. Nave nettement plus agréable, sous voiles, qui nous permet
de prendre SELAVI en photo et réciproquement.
Nous profiterons de cette deuxième escale à Rotoava pour visiter la
ferme perlière de Madame HINANO, qui, aprés renseignement pris,
n'appartient pas à la famille du nom plus que connu de la bière
locale. Qu'à cela ne tienne, cela n'arrête pas notre motivation et
nous découvrons les différentes étapes indispensables pour la
naissance d'une perle ainsi que les catégories, lesquelles définissent
la qualité de la perle ainsi que son prix.
Notre escale à Fakarava touche à sa fin. Nous quittons
avec regret nos amis italiens à bord de SELAVI. Ils reprennent le
boulot et, nous, nous continuons notre route. Nous appareillons grand
matin pour être devant la passe GARUA et bénéficier des courants
sortants. SELAVI a encore une petite matinée "free" avant de récupérer
ses clients en début d'aprés-midi.
Grâce à eux, nous quittons Fakarava avec une denrée rare aux Tuamotus,
des légumes frais. Ainsi, nous faisons le plein de tomates, salades,
choux et même basilic.
Le mousse est un peu triste de quitter son nouveau copain Pablo mais
compte-tenu de la réalité, il est bien conscient qu'ils leur auraient
été difficile de se retrouver pour jouer quand bon leur semblait. Nous
traversons la passe avec un mascaret formé mais pas très long.
FAKARAVA - TOAU
Grand-voile et génois envoyés, nous mettons le cap sur
l'atoll de TOAU, voiles en ciseaux, s'il vous plaît...
Nous avons pris l'option d'aller mouiller à l'Anse AMYOT, réputée pour
être un mouillage abrité de presque tous les vents sauf ceux d'Ouest.
En longeant l'atoll de TOAU, nous passons devant la passe OTUGI non
sans avoir une pensée pour Laurent Bourgnon, disparu quelques jours
plus tôt. Bien que la passe ait l'air calme, accessible et praticable,
nous maintenons notre way-point d'arrivée.
Milieu d'après-midi, l'Anse Amyot est devant nous. Le
temps de démarrer le moteur, remonter la ligne, enrouler le génois,
affaler la G.V., nous voilà prêts pour l'approche. Deux bateux sont
déjà sur les lieux. Ne bénéficiant pas d'une météo très ensoleillée,
nous ne nous attarderons pas, et, aprés un stop de deux jours, mettons
les voiles sur l'atoll d'APATAKI.
TOAU - APATAKI
Nous partons de nouveau au petit jour (toujours ces
histoires de marées) pour une courte nave puisque nous atteindrons
l'atoll en fin de matinée.
Cette fois-ci, c'est la passe PAKAKA que nous devons
franchir, celle qui se trouve au sud-Ouest de l'atoll d'Apataki. Nous
nous y trouvons en fin de marée montante. A notre grand étonnement,
pas de mascaret, l'entrée dans la passe se fait avec une facilité
déconcertante. Mais, surprise, c'est à la sortie de la passe que cela
devient plus "kaka" car le mascaret nous y attend ; lequel, bien
qu'étant dans les derniers jusants de la marée montante s'avère
conséquent. Ce phénomène s'explique par un infléchissement de la passe
vers le Sud côté lagon, un seuil de 6-7 mètres provoque une
accélération, plus particulièrement marquée, dans le courant sortant.
Aprés avoir longé un platier bordant la passe, nous décidons de
mouiller à droite de la sortie à proximité de parcs à poissons et au
mileu des patates de corail. Nous apprendrons, ultérieurement, que
nous aurions pu nous mettre à un corps mort situé dans un bassin à
droite dans la passe où nous aurions été à l'abri et des vents et du
mascaret, c'est bête, non ?
En effet, le vent, orienté Nord-Est rend le mouillage peu confortable.
A défaut de valser, nous tangons beaucoup, presqu'on attraperait le
mal de mer !!!...
Tels des warriors, nous décidons, malgré les conditions
hostiles, de nous rendre à terre en début d'aprés-midi. Monter dans
l'annexe, du fait des mouvements du bateau, relève quasiment de
l'exploit mais en tant que grands sportifs nous ne nous en sortons pas
trop mal.
Nous longeons le platier au milieu duquel se trouve une ferme perlière
puis, passer la deuxième balise tribord, nous virons à babord et
pénétrons dans le bassin abrité où nous irons nous accoster le long
d'un petit quai en béton.
Nous découvrons le petit village de Niutahi qui se prépare pour les
fêtes de Heiva. Ces fêtes commencent le 14 Juillet pour s'achever, à
Tahiti, entre autre, à la fin du même mois.
En nous promenant, nous trouvons la boulangerie mais, du fait de la
fête, tout le pain a été réservé et il nous est impossible d'en
acheter. Par chance, une gentille dame nous fera cadeau de cinq
baguettes. Dans nos pérégrinations, aprés avoir rencontré un pêcheur
sur le quai, nous repèrons la boutique. Elle est fermée et n'ouvrirait
que vers 17h30. Le patron travaillerait à la ferme perlière et ne
l'ouvrirait qu'après s'être libéré de ces engagements, c'est bête, il
va falloir attendre...
Qu'à cela ne tienne, nous continuons notre exploration du petit
village et tombons devant une église dédiée à Saint-Philippe, qui, par
association de pensée nous ramène à la Réunion, quelle drôle de
coincidence (coucou Joëlle).
17h30, les vendeuses sont présente à la boutique mais
le patron étant parti voir les préparatifs de la fête, elles se
doivent de l'attendre pour ouvrir la boutique et donc, nous servir.
Nous attendons, les minutes passent, le soleil descend sur l'horizon.
Le crépuscule obscurcit irrémédiablement le ciel. Un peu contrariés
d'avoir attendu pour "rien", nous décidons qu'il est plus sage de
partir car il se fait tard. Nous récupérons notre petite annexe au
quai et faisons route opposée à celle de notre arrivée. Pour ceux qui
manque d'idées, l'épisode qui va suivre pourrait s'intituler :
JE T'AIME MOI NON PLUS
OU
COMMENT IMMORTALISER UN EVENEMENT TEL UN ANNIVERSAIRE
Aprés avoir pris place à bord de notre embarcation,
nous nous dirigeons vers la sortie du bassin. Nous ne rencontrons
aucun problème au passage de la première balise verte, nous commençons
à subir le mascaret de la marée descendante au niveau du passage de la
deuxième balise. Ce dernier s'amplifie lorsque nous longeons le
platier. Nous progressons lentement avec notre petit TOHATSU 3.5, du
moins c'est ce que nous pensions avant que le mousse nous fasse part
de ses réflexions :
Le mousse : Capitaine, tu n'as pas l'impression que nous faisons du
sur place, enfin, je dis ça...
Capitaine : Euh ! oui, on dirait que nous n'avançons pas beaucoup.
La matelote : Ca va pas le faire ! On devrait faire demi-tour et aller
demander de l'aide à la ferme perlière.
Capitaine : Mais non, c'est bon. Doucement, doucement, nous allons y arriver.
Non seulement nous n'avançons plus mais le courant ainsi que les
vagues nous déhalent lentement mais irrémédiablement vers le platier.
A bord de l'annexe, le silence est lourd, une légère tension flotte
dans l'air. Soudain, des bruits déchirants et désagréables parviennent
à nos oreilles. Ca y est, nous sommes échoués sur le platier. Fissa,
le moteur de l'annexe est placé en position haute. Le mousse a l'ordre
de veiller dessus et de garantir sa position relevée afin que l'hélice
ne subisse aucun dommage.
Le Capitaine et la Matelote descendent de l'annexe pour l'alléger et
lui donner plus de mobilité. La pénombre du soir s'est installée.
L'avancée dans le platier s'avère épique. Le Capitaine et la Matelote
évoluent péniblement maintenant l'annexe contre les vagues et le
courant, pataugeant au milieu des patates de corail.
Capitaine : Eh, la Matelote ! Fais attention au sac-à-dos, punaise...
Il ne faut pas le mouiller, il y a le porte-monnaie dedans.
La Matelote : Ouais, pour information, il y a aussi l'appareil photo.
Pourquoi, on ne traverse pas le platier pour rejoindre la ferme ?
PLOUF ! Merde, ma savate. Aïe !, mon pied...
Capitaine : Mais tu ne peux pas faire attention. Fais gaffe au
sac-à-dos, je viens de te le dire.
La Matelote : Je fais comme je peux, j'y vois de moins en moins, quel
merdier !!!... PLOUF
Le mousse : Capitaine, attends, la Matelote a encore chu dans l'eau et
elle a encore perdu sa savate qui se fait emporter par le courant.
La Matelote : Laisses tomber la neige, c'est baiser canard, elle est
trop loin, c'est foutu. BOUH ! BOUH ! ma savate havaïanas, OUIN, OUIN
!!!...
Capitaine : Mais t'arrêtes ton cirque. Mais qu'est-ce que tu fous,
regardes où tu mets les pieds. PLOUF ! AIE ! Et merde...
Où est ma savate. Ah ! la voilà. Arrêtes de rire, tu veux.
La Matelote : BOUH !, ma savate havaïanas... AIE !, mes pieds !!!
Un ouvrier de la ferme perlière a heureusement vu notre échouage et
est venu à notre rescousse à bord de sa grande barque et se tient en
limite du platier.
Le mousse : Il faut qu'on se rapproche de lui pour qu'il nous tire
avec son bateau.
Capitaine : On va longer le platier, se rapprocher des parcs à
poissons et ensuite tenter de remonter dans l'annexe.
La Matelote : Un jeu d'enfant, fingers in the noise ! on va se faire
bouffer un morceau par une pointe noire, trop cool. PLOUF, AIE !. Si
ça continue, faudra que ça cesse... ma savate
Capitaine : Mais t'avances au lieu de ramper à quatre pattes
La Matelote : Je s'appelle GROUT
Nous parvenons finalement à déhaler l'annexe du platier. Le mousse
envoie un bout que notre Saint-Sauveur récupère. La matelote remonte à
bord de l'annexe, parvient à redémarrer le moteur et aide le Capitaine
qui n'a presque plus pied à y monter. Notre Saint-Sauveur nous
remorque tout en nous éloignant lentement des féroces patates.
Les conditions de remorquage s'avèrant, compte-tenu de l'état de la
mer un peu limite. Saint-Sauveur nous propose de monter dans son
embarcation birn plus confortable et surtout équipée d'un moteur plus
puissant.
Notre Saint-Sauveur nous raccompagne sains et saufs à bord de Layang
non sans nous avoir rappelé l'existence d'un passage beaucoup plus
safe à travers les parcs à poissons. Nous sommes tous les trois
trempés. Miraculeusement, l'appareil photo et le porte-monnaie qui se
trouvaient dans le sac-à-dos s'en sortent indemnes bien que ce dernier
soit légèrement humide. Quant au pain, généreusement offert par une
habitante du village, qui se trouvait dans le sac-à-dos du Capitaine,
celui-ci se trouve réduit à l'état de bouillie. Trempé et salé, il est
prêt à être utiliser pour une autre farce sauf que là, nous n'y avions
pas pensé et donc rien préparer en ce sens. Les poissons, du coup, en
auront pour leur compte.
Capitaine s'en sort, comme la Matelote, avec plusieurs écorchures, et,
en supplément, une sale plaie au pied droit causée par une patate
vorace.
Bien évidemment, nous ne pouvons vous faire partager
cette aventure autrement que par des mots car vous comprenez bien que
si nous avions l'appareil photo, les conditions ne permettaient guère
son utilisation puisque, d'une part, il faisait nuit, et, d'autre
part, ce dernier n'est pas étanche. On sait, c'est bête...
Ne voulant pas rester sur un échec et un mauvais
souvenir, nous redescendons à terre le lendemain mais... en empruntant
le chenal indiqué par notre Saint-Sauveur. Vous nous direz, pourquoi
faire simple quand on peut faire compliqué!!!...
Alors que la veille nous avions prévu d'assister voire de participer
aux fêtes de Heiva et bien que notre deuxième expédition se soit
déroulée sans encombre, nous appareillons dans la foulée pour un
mouillage sur la côte est que nous espèrons plus abrité, ce qui n'est
pas gagné vu l'orientation du vent.
Nous longeons la côte et nous arrivons à hauteur du
motu Rua Vahiné. Un catamaran y est mouillé mais, considérant
l'endroit guère plus abrité que celui que nous venions de quitter nous
décidons de poursuivre notre route. Nous progressons le long de la
barrière de l'atoll pour arriver à Totoro. L'orientation du vent
expose également le mouillage au clapot le rendant quelque peu
inconfortable mais nous décidons d'y faire quand même d'y faire une
halte.
Nous y découvrons une aire de carènage. La famille
ASSAM, qui, dans le passé tenait une ferme perlière s'est, pour de
multiples raisons, reconvertit. Nous en profitons pour nous baigner
dans un hoa à l'eau claire et transparente. Un peu sportif pour
Capitaine qui essaie de ne pas trop exposé sa plaie à l'eau de mer.
Nous nous ravitaillerons en oeufs frais et en cuisses de poulet. Le
vent ne se décidant pas à tourner, nous suivons les conseils de
Monsieur ASSAM et partons vers le Nord de l'atoll.
Nous appareillons et progressons vers la pointe Nord-Est. Relève de
barre, le Capitaine quitte le poste pour le laisser à la Matelote. 5
minutes à peine viennent de s'écouler qu'elle se retrouve devant une
ligne de bouées qui lui barre la route (à croire qu'il le fait exprés
!!!...). Virement à 90°, direction la plage. Une grosse barque vient à
notre rencontre à vive allure. Allons-nous nous faire appeler "Arthur
de manivelle" ou prendre un "reste tranquille" ? En fait, c'est un
membre de la ferme perlière, qui, anticipant, est venu nous driver
afin de nous guider et nous permettre de sortir des lignes sans dégâts
réciproques. En effet, lors de notre visite à la ferme de Madame
HINANO à Farakava, celle-ci nous a relaté avoir eu des lignes
emportées par un plaisancier américain. La plaisanterie lui aurait
coûté un bras quant aux dédomagements mais, ce dernier, selon elle,
étant dans l'opulence, cette ponction financière ne l'aurait guère
gênée. Nous ne sommes pas tous logés à la même enseigne...
Nous continuons notre route vers la pointe Teonemahina,
laquelle, abritée des vents de Nord et d'Est devrait nous offrir un
mouillage des plus calmes. Ce n'est rien de le dire, nous arrivons
dans un lieu paradisiaque, sauvage et évoluons comme si nous étions
dans un lac. Le nord de l'atoll est inhabité et la clarté de l'eau du
lagon nous permet d'observer la faune (même en étant hors de l'eau) et
de repérer les dorsales des petites pointes noires, lesquelles font un
ballet incessant à quelques mètres de la plage.
Nous prolongerons notre escale de quelques jours. Capitaine nous
ramènera d'une chasse, une belle daurade et un mérou. Le mousse, quant
à lui, en profite pour cumuler bains de mer et chateaux de sable. Nous
y découvrons également une ferme perlière abandonnée et en profitons
pour ramasser des coquilles d'huîtres. Eh, oui !
bien que nous ayons cherché ce sont les seules choses que nous avons
pu trouver, aucune perle à l'horizon, malheureusement.
Bien que nous n'ayons guère envie de quitter ce site
enchanteresque, il nous faut avancer. Alors, un peu à contre coeur,
nous appareillons et mettons le cap sur la passe TEHERE. Nous sommes
dans le bon timing par rapport à la marée descendante, et, de ce fait,
ne rencontrons qu'un faible mascaret. Heureusement que nous ne faisons
pas une confiance absolue aux cartes que nous avons sur l'ordi et que
nous naviguons beaucoup à vue car que ce soit pour la passe PAKAKA ou
TEHERE, la CM93 est fausse, pas de beaucoup, mais suffisamment.
Notre sortie de l'atoll d'Apataki via la passe TEHERE
clot irrévoquablement le chapitre des Tuamotus, que nous quittons, au
même titre que les Marquises, avec regret.
La nature ainsi que la population en font des sites enchanteurs et
inoubliables. Des lieux rares, encore protégés des travers de notre
civilisation, il ne reste qu'à souhaiter que cela perdure.
Tout au long de notre séjour dans ces archipels, nous n'avons jamais
fermé le bateau, jamais remonté le moteur de l'annexe de crainte de ne
pas le retrouver le lendemain matin car le vol n'est ni dans leur
fonctionnement ni dans leur culture. Ces îles et atolls sont comme des
petites perles posées sur des écrins irrisés au milieu d'un lit d'eaux
turquoises qu'on ne se lasse de contempler. Mais au fait (petit clin
d'oeil décalé à Olivier) :
Et t'étais où aux Tuamotus
On t'a vraiment cherché partout
Maintenant, il nous faut partir
Mêm' si cela est sans plaisir
De ces eaux si transparentes
Avant d'avoir la farniente
Et de rester scotchés ici
Au milieu de ce paradis
Où le temps, comme aux Marquises,
Sur les hommes n'a pas de prise.
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