DE KOUROU AUX ILES DU SALUT
Les îles du Salut, distantes seulement de quelques miles, sont
lorsque l'on est à Kourou, une escale incontournable.
Connues des premiers navigateurs européens sous le nom des
"îles du Triangle", les îles du Salut doivent leur nom actuel et leur
sinistre réputation à deux épisodes tragiques de la colonisation de la
Guyane. L'expédition de Kourou en 1763 organisée par Louis XV sur les
conseils de Choiseul afin de peupler la Guyane qui s'achève de manière
dramatique. En effet, les colons confrontés aux conditions de vie
difficile et aux maladies se trouvent rapidement décimés. En attente
de leur rapatriement en France, les rescapés sont regroupés aux iles
qui prennent alors le nom des îles du Salut.
L'instauration du bagne sous la troisième république
impliquera, en Guyane, entre 1887 et1938, la transportation d'environ
70.000 condamnés dont quelques célébrités comme Dreyfus, Seznec,
Papillon, Belbenoit, etc...
Humainement et économiquement, le bagne fut un échec. La
plupart des bagnards moururent sur place et leur sacrifice ne
contribuera en rien à l'essor de la colonie.
Pour nous, les îles du Salut sont plutôt une belle escale, qui
nous permet, entre autre, de retrouver une eau bleue même si elle
n'est pas, et loin de là, aussi cristalline qu'à Sainte-Hélène. Ce
sera l'occasion de carèner une fois de plus et d'ôter la foultitude de
petits chapeaux chinois collés sur la coque. L'antifouling n'a pas
l'air d'être à la hauteur des prétentions dont les concepteurs le
qualifie, cela notamment quant à son efficacité et sa durée. Pourtant,
il n'est pas donné !!!....
En nous promenant sur l'île Royale, nous croiserons un grand
nombre d'agoutis (rats de palmistes se nourrissant de coco), des
petits singes, des aras, des iguanes et même des paons. Du littoral,
nous pourrons contempler l'île du Diable, laquelle si elle n'est pas
la plus attrayante est probablement la plus connue comme lieu de
déportation de prisonniers politiques tel le Capitaine Dreyfus que
l'on y débarqua le 13/04/1895. Nous découvrirons la piscine
(naturelle) des bagnards aménagée par leurs soins. Celle-ci leur
permettait de se baigner tout en étant protéger des requins qui
pulullaient à l'époque. Il paraît que lorsqu'un bagnard mourait, les
requins, entendant la cloche sonnée, arrivaient près de la côte pour
se délecter.
Nous nous amuserons également à observer de nombreuses tortues de mer,
comme en compétition, occupées à cumuler plongeons au fond de l'océan.
Dans le temps longtemps, un téléphérique reliait l'île Royale
à l'île du Diable. Aujourd'hui, celui-ci est hors d'usage et atteindre
l'île du Diable reste une aventure difficile voire périlleuse car ses
rivages n'offrent aucun lieu de mouillage sécurisant qui permet de
s'abriter suffisament des vagues souvent violentes.
L'île Saint-Joseph est également appelée l'île du Silence en
raison de son histoire. Ici, l'homme a trouvé, en dame nature, une
formidable alliée pour l'aider à effacer de sa mémoire les vestiges
d'un épisodes peu glorieux de son histoire. Partout, plantes et
racines étouffent les cachots, lesquels, un demi-siècle plus tard,
nous parlent encore de la souffrance des hommes. Nous nous rendrons
dans ce lieu peu de temps aprés la coupe de grands arbres en lien avec
un travail de restauration des batiments. La chute des arbres a dû
faire un cataclysme dans le monde le monde des fourmis. Celles-ci
étaient en quantité colossale, certaines piquantes, ce qui nous a
conduit à faire cette visite au pas de course.
Retrouvant des eaux plus bleues, notre Capitaine est pris
d'une frénésie de pêche. Et le voilà, au soleil coucant, parti en
annexe avec son mousse installé un fîlet le long de la côte.
Aux premières lueurs du jour, nos deux compères vont s'enquérir de
leur pêche et découvrir leur butin : un gros requin dormeur qu'il n'a
pas été aisé de sortir de l'annexe, deux poissons-chat, des crabes et
des Bernards mais l'hermite.
Nous nous préparons à quitter, un peu à regret, les île du
Salut, lesquelles, en dehors de leur contexte historique, sont un
endroit assez paradisiaque, havre de paix où la nature est reine.
Nous nous affairons sur le bateau, remontons l'annexe,
décrochons des filières le linge qui a séché durant notre ballade,
préparons la commande du guindeau, démarrons le moteur.
Tandis que le soleil se couche doucement sur les îles du Salut, nous
nous en éloignons lentement avec la lumière du phare qui nous
accompagne encore quelques miles. Progressivement, leurs silhouettes
s'estompent pour disparaître complètement dans la nuit. Au petit jour,
le décor aura changé, nous retrouverons les eaux chocolatées des
fleuves de Guyane ; cette fois, celles du Maroni.
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